19 December 2007

Mes élèves de Première

Je ne comprendrai jamais pourquoi je me montre si exigeante toute l'année et qu'un sentiment de culpabilité m'accable le jour de l'examen que passent mes élèves.

Deux heures à transpirer du français qu'un certain nombre de mes compatriotes de l'hexagone trouveraient parfois bien retors.
J'ai horreur des interros, des exams, et si j'adore apprendre j'ai toujours eu une peur bleue de l'évaluation qui devait suivre. Et c'est confortablement que je leur fais face, moi l'adulte. A cause de moi, ils ont passé des heures à réviser dans les détails ce qui doit maintenant tenir en cent vingt minutes.

J'ai l'impression qu'ils sont si petits. Pourquoi leur imposer tout ça? Eux qui se trouvent pourtant si matures. Je sais qu'à leur âge on exigeait de moi les mêmes choses, je sais que deux générations plus tôt, la demande était encore plus tatillonne, envahissante, d'autant que le nombre d'élèves de ce niveau était moindre.

Ils sont touchants. Même les moins beaux d'entre eux ont encore un je-ne-sais-quoi de la fraîcheur de l'enfance, qui les rend attendrissants.

Certains me concoctent leur dissertation : il y a de quoi réutiliser tout ce qui a été digéré précédemment, avec un sujet alléchant : 'vous êtes amoureux'.
D'autres se sont lancé à corps perdu dans la conjugaison et la grammaire, l'exercice redouté par excellence et dont j'ai réduit l'importance cette année, au profit du lexique. Le dernier tiers a attaqué le vocabulaire et cherchera à expliquer des expressions aussi hasardeuses que 'Quelle mouche te pique?' ou 'je suis submergré de travail'. Combien d'entre eux vont choisir 'en vouloir à quelqu'un'. Les meilleurs, j'en suis sûre.

Aucun d'entre eux ne se doute que mon visage actuel, sérieux s'il en est, n'exprime que ma volonté de ne pas sourire au fait que je griffonne , je touchfonne ce billet d'humeur. De Moi à vous, pas un n'imagine que je pense à eux, que je les plains, que j'ai mal pour eux, bienveillante et magnanime.

No comments: