11 November 2006

Andréa en France

Le métier de professeur vous offre de temps à autres d'exquis moments. Nous avons presque tous dans la corporation des anecdotes à partager concernant un élève que vous avez marqué, ou un autre qui s'apprête à devenir prof à son tour parce que vous l'aurez influencé voire charmé.
J'ai le privilège d'enseigner dans une école toute particulière , tant par son statut que par les élèves que nous y accueillons. On y travaille beaucoup et c'est peu dire, mais les récompenses y sont nombreuses.
j'y suis professeur de français. Mon établissement fait partie des meilleurs des Etats Unis, n'ayons pas peur des mots , en ce qui concerne l'enseignement des langues et nous ne comptons plus les prix nationaux que remportent nos étudiants. C'est dire que lorsque certains, beaucoup, parviennent à parler le français de façon courante, ce n'est pas parce qu'ils sont besogneux, mais aussi parce qu'ils aiment ça. A l'entrée à l'université, si prestigieuse soit-elle, on les refuse dans les cours de première année parce que leur niveau est nettement supérieur.
Et puis, il y a les autres, ceux pour qui faire du français ne se limite pas à suivre un cours supérieur à l'université, mais qui désormais veulent se frotter à la vraie vie des francophones. Je pourrais parler d'Alice, Junior (3ème année) à Princeton, qui vient non seulement de passer l'été à Paris mais qui enchaîne avec six mois à Aix-en-Provence, je pourrais parler de Michèle, Junior à Yale qui a suivi des cours à la Sorbonne pendant tout un été et qui avait appris à faire fuir les jeunes séducteurs français par un 'dégage connard !' décapant. Je pourrais parler d'Andréa, Senior à Wesleylan, actuellement à Dax. Elle y est assistante d'anglais dans une école, vit dans une famille dacquoise, et vient de m'envoyer des photos de Paris, Bruxelles, Mont-de-Marsan, Biarritz, Dax…
J'ai voyagé avec ces élèves, au Québec quand ils étaient en 4ème, et en France lors de leur année de Première. Maintenant, elles s'envolent de leurs propres ailes, toujours en français dont il est évident qu'il jouera un rôle dans leur vie professionnelle ou/et personnelle.
Tous les ans de nouveaux exemples de mes élèves qui partent, imprégnés de ce que mes collègues de français et moi même leur avons transmis. C'est une joie à l'état pur. C'est sans doute très orgueilleux, mais j'en retire une grande satisfaction. Transmettre, influencer, c'est une forme d'immortalité.

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